L’appel au secours de 200 Français bloqués en Arabie Saoudite

Par Clarence Rodriguez-

Deux cents français salariés de la société de construction Saudi Oger sont bloqués en Arabie Saoudite, sans salaire et endettés.

Dernière minute : les employés de Saudi Oger ont mis le feu à une base de vie Sang-Villa, à Riyad, non loin de l’aéroport où se trouvent les ateliers de la société. 2500 personnes vivent et travaillent là habituellement.

 

Depuis huit mois, deux cents français salariés de la société de construction Saudi Oger en Arabie Saoudite, ne perçoivent plus leurs salaires. Endettées jusqu’au cou, sans le sou, certaines n’ont même plus les moyens de faire les courses, de nourrir leurs enfants. Ces familles vivent un calvaire au quotidien. D’aucuns n’osent parler de leur situation, ils ont honte. On est loin du portrait de l’expat’ qui « roule sur l’or ». Non, les 2/ 3 de ces salariés étaient au chômage en France avant de travailler en Arabie Saoudite. La plupart ne possède aucun bien en France ou ailleurs. Aucune assurance vie, ou autre épargne qui pourraient leur permettre de survivre au cauchemar qu’ils endurent ces derniers mois.

Marie, mère de trois enfants et épouse d’un cadre à Jeddah nous raconte son calvaire vécu au quotidien : « Nous sommes poursuivis par notre banque en France, notre découvert est abyssal. Je n’ose même plus répondre au téléphone. Nous vivons dans l’angoisse. Pour renouveler nos iqamas (permis de résidence) nous avons dû emprunter 3600 Saudi riyals soit 900 euros à des amis. La somme semble modique. Pas pour nous »

Jean, le père de famille travaille depuis dix-huit ans dans la compagnie libanaise. Lorsque nous l’avons rencontré ( Lire article publié 5 mai dernier) Il espérait percevoir la somme de 45 000 euros que lui doit Saudi Oger. « Jusqu’au début du mois, j’y ai cru. Aujourd’hui, compte tenu des promesses non tenues, je suis désespéré ! Nous n’avons pas les moyens de rentrer en France. Pas les moyens de vivre en Arabie Saoudite ». Un peu plus tard dans la conversation il nous avoue qu’il a accepté de travailler sur les chantiers, cinq mois sans être payé. « J’ai joué le jeu. J’avais pourtant espoir que cette belle entreprise fleuron de la construction dans le royaume sous l’ère du père Rafik Hariri, finisse par se redresser. Hélas ! J’ai tout perdu. Au moment où je vous parle je ne sais pas quel l’avenir offrir à ma famille ? Ce matin, j‘ai reçu un mail de l’Ecole Fançaise à Jeddah me précisant que l’entreprise Saudi Oger a fait connaitre son intention de ne plus prendre en charge le paiement direct des droits de scolarité pour l’année 2016-2017… De notre côté nous n’aurons pas les moyens d’inscrire nos trois enfants.

En rendant ses livres au CDI la semaine dernière, ma fille a essuyé des réflexions, des vexations de la part du personnel de l’école. Elle est rentrée en pleurs.» Dans dix jours ce sont les vacances scolaires, pas sûr que la famille de Jean puisse partir en vacances. Bloquée ! Que dire de Philippe, 32 ans, il a intégré la société il y a six ans. Il travaille au service voirie, espaces verts. En ce moment il fait acte de présence sur le parc du Ministère de l’Education. Mariée à une Saoudienne, c’est elle qui subvient aux besoins de la famille. Situation peu banale en Arabie Saoudite. Philippe est mal à l’aise, il ne souhaitera s’épancher.

Les lettres envoyées depuis le 22 novembre 2015 par Bertrand Besancenot, ambassadeur de France à Riyad, à Saad Hariri n’ont pas été suivies d’effet. Des promesses non tenues du président de Saudi Oger. Le dernier salaire perçu par les employés remonte au 8 avril dernier (salaire d’octobre) et des sommes en « cash » versées sporadiquement à quelques employés. Rencontré dans un compound (Résidence pour expatriés) à Riyad, Laurent, cadre de direction, nous raconte : « Jusqu’à la semaine dernière je me rendais au siège de la société à Pepsi Road au centre-ville. J’y passais entre 9 et 10 heures avec l’espoir d’être payé. Aujourd’hui, je vais au bureau mais j’y reste deux heures. L’air est devenu irrespirable par l’odeur de l’urine qui se dégage des toilettes insalubres. Il n’y a plus d’eau. La compagnie de nettoyage n’ayant pas été payée, le ménage dans les bureaux n’est plus assuré. Scène de désolation ! ». Laurent, tel le dernier des Mohicans refuse cependant d’abdiquer. Je pense que : « l’annonce faite par la Direction du groupe cette semaine, devrait apporter un vent d’optimisme ». En attendant son épouse, Valérie, et leurs deux enfants, prendront l’avion pour la France dans dix jours. Quant à lui, il s’accroche. Il garde espoir ! Quel espoir ?

Suite aux posts envoyés samedi 11 juin, nous avons tenté de joindre sur son portable Romain Nadal, porte-parole du ministère des affaires étrangères. Ce dernier a répondu par un message laconique. « Je suis à New York avec le ministre ». La réponse viendra de l’ambassade de France et ce tweet. « Invitant les ressortissants français qui éprouveraient le besoin de solliciter un soutien particulier peuvent contacter leurs services consulaires à Riyad… « A la demande d’un salarié en grosses difficultés financières j’ai rédigé, ce matin, un certificat attestant sa situation désastreuse. Il pourra ainsi le présenter à sa banque. » m’explique Nathalie Pellay Consule de France à Riyad, chargée du dossier Saudi Oger.

Quant à la direction de Saudi Oger que nous avons essayé de joindre, elle ne répond plus au téléphone. Des hommes et des femmes sont à l’agonie, au bord du suicide, il y a urgence à les aider à sortir de ce cauchemar !

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