La sécurité de l’Euro 2016 en question

Par Rémi Dupré –
Les spectateurs, empêchés de quitter le Stade de France à l’issue du match vendredi 13 novembre, envahissent la pelouse. MICHEL EULER / AP
 
Trois explosions, dont deux terrifiantes entendues par le public du Stade de France, à quelques minutes d’intervalle, lors de la première mi-temps du match amical remporté (2-0) par les Bleus contre l’Allemagne. Vendredi 13 novembre, les 80 000 spectateurs de l’enceinte de Saint-Denis, au nord de Paris, n’ont pris conscience que très tardivement de l’origine de ces détonations suspectes aux abords du site. Alors que le président François Hollande a été évacué par les services de sécurités quelques minutes après la deuxième déflagration, les sirènes d’ambulances et le défilé d’hélicoptères dans le ciel ont laissé présager une issue dramatique.
 
Au coup de sifflet final, le speaker du Stade de France a indiqué la fermeture de plusieurs sorties tandis qu’un mouvement de foule contraignait plusieurs milliers de spectateurs à revenir sur la pelouse. Ce n’est qu’une heure et demi après la fin de la rencontre que la totalité du public a été évacuée. Effarés, les joueurs de l’équipe de France ont découvert, au terme du match, l’ampleur des attaques sur les écrans de l’enceinte. La conférence de presse du sélectionneur Didier Deschamps a été annulée et l’ensemble des activités médiatiques des tricolores ont été annulées, samedi 14 novembre, à leur camp de base de Clairefontaine. A une poignée de journalistes, le chef de presse des Bleus, Philippe Tournon, a glissé que la participation de l’équipe de France au match amical prévu, mardi 17 novembre à Londres, contre l’Angleterre, était incertaine.
 
Selon des sources policières proches du dossier dans la nuit de vendredi à samedi, les trois attaques déclenchées aux abords du Stade de France ont fait quatre morts, dont trois terroristes.
 
Un million de billets commercialisés
 
Ces attentats mettent en question le dispositif sécuritaire qui sera déployé du 10 juin au 10 juillet 2016, lors du championnat d’Europe des nations. Cinquante et un matchs auront lieu dans dix stades de l’Hexagone (Paris, Saint-Denis, Lille, Lens, Lyon, Bordeaux, Saint-Etienne, Toulouse, Marseille, Nice). Le match d’inauguration et la finale de la compétition auront lieu au Stade de France. Un million de billets ont été commercialisés auprès du grand public jusqu’au 10 juillet. En outre, plus de 800 000 billets seront mis à disposition des supporters des 24 sélections qualifiées jusqu’à fin décembre. Entre 7 et 8 millions de visiteurs sont attendus dans l’Hexagone durant le tournoi.
 
« Depuis l’origine, on sait que la sécurité sera un enjeu clé de l’organisation et de la réussite de l’Euro, confiait au Monde, après les attentats de janvier, Jacques Lambert, président d’Euro 2016 SAS, société chargée de l’organisation du tournoi. Si on regarde bien, ce qu’il s’est passé début janvier en France ne change pas radicalement la donne de la sécurité de l’Euro 2016. Ce qui a changé, c’est la gradation du risque terroriste par rapport aux autres risques de l’organisation. On n’est plus simplement dans un risque théorique. On est dans un risque possible. Le passage à l’acte a eu lieu. Dans l’élaboration du dispositif de sécurité, il faut qu’on ait une ligne directrice claire et du sang-froid. Dans le contexte dans lequel on risque de vivre jusqu’en juillet 2016, l’organisateur sportif que nous sommes ne jouera qu’un rôle second en matière de sécurité. C’est l’Etat qui a un rôle premier, qui va fixer la feuille de route, et nous nous y confirmerons. »
 
 
En septembre, un protocole sur la sécurité de l’Euro 2016 a été signé entre l’Etat et la Fédération française de football. Selon le ministère de l’intérieur, « il organise les compétences respectives en matière de sécurité et de sécurisation de l’événement : les stades, camps de base, hôtels des équipes et de l’UEFA relèvent de la compétence de l’organisateur ; la sécurité aux abords de ces lieux relève de celle de l’Etat. » La sécurité des « fans zones », où le public pourra suivre les rencontres sur des écrans géants dans les dix villes hôtes, devrait être assurée par des agents de sécurité privée recrutés par les municipalités concernées.
Rémi Dupré

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